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Ses doigts déplièrent minutieusement le tissu du veston pour le placer sur la planche avant de le repasser soigneusement, retirant le moindre pli visible qui pouvait s'y trouver. Ses journées se résumaient à majoritairement s'occuper de tout ce qu'il pouvait pour faire plaisir à Jaehwa, aller en cours, étudier en cuisinant et s'occuper des animaux. Même pour promener le chien, il était contraint d'emmener un livre pour étudier en chemin tant son temps était dirigé vers son cadet et donc réduit à un laps très court pour faire autre chose. Chaque minute était accordée à lui porter une attention, aussi simple soit-elle. En passant des repas, aux vêtements, au ménage et la vaisselle. Taeyeol faisait tout depuis deux semaines sans jamais ronchonner, sans en glisser le moindre petit mot à Jaehwa. En sommes, Song tentait peu à peu de se rattraper, mais la situation ne paraissait guère évoluer au fil des jours. Même que la chambre d'amis était désormais davantage la sienne que celle d'une éventuelle visite qui resterait dormir alors que lui se surmenait à tout faire de ses propres moyens, mais bordel qu'ils avaient pris un grand appartement. Ramasser tout le poil que laissait tomber leurs bestioles demandait une patience de moine et même si Tae n'était pas du genre à s'énerver, ça ne changeait pas qu'il n'était pas très habitué à récurer de fond en comble à quasiment tous les jours.

Une fois le veston bien lisse et sans faux plis, Tae le retira de la planche pour aller le suspendre immédiatement dans la penderie de la chambre principale pour éviter qu'il ne se froisse, revenant ranger la planche et le fer à repasser avant de jeter un coup d'oeil à l'heure. Dix-sept heures. Il fit le tour des gamelles pour nourrir les bestioles, puis se lava les mains pour fouiller le réfrigérateur et en sortit de quoi se faire à manger, non sans avoir pris la peine de poser son épais bouquin d'hygiène dentaire sur le comptoir pour le lire tout en s'assurant que le feu ne prenne pas dans son repas. Il mangea un coup le tout prêt, ne lâchant pas ses études avant de devoir se mettre à laver sa vaisselle sale afin de ne rien laisser traîner et conserver l'appartement dans une propreté accablante. Tae plaça également les restes au frigo, avant d'apposer un post-it sur le plat qui autorisait grandement Jae à le prendre s'il était affublé d'une fringale en rentrant de travailler. Et visiblement, ce soir n'était pas une journée où son cadet rentrerait tôt.

Passant devant une fenêtre du salon en allant éteindre la radio, il jeta un rapide coup d'oeil à l'extérieur pour constater que la température n'avait rien des plus jolis. Il pleuvait des cordes, ce qui le découragea à l'idée de sortir promener Sarang pour ce soir. La petite puce était encore trop fragile et trop jeune pour affronter une averse aussi puissante et Song se résigna à retourner passer un moment de qualité avec ses études sur le divan, étant rapidement rejoint par les deux boules poils qui vinrent poursuivre leur sieste à ses côtés sans se battre, chose qui représentait une amélioration dans leur relation à elles. Vers vingt-deux heures, un bâillement lui échappa et il referma son livre avant d'aller le porter dans la pièce qui était désormais sa chambre, allant ensuite faire un tour à la salle de bain pour se doucher avant d'aller au lit. Tandis que le jeune homme tirait les draps pour s'y faire une place, un coup de tonnerre se fit entendre, signalant le début d'un orage, et il se figea quelques secondes. Pour une raison inconnue, les orages lui filaient une peur bleue et il ne perdit pas une seconde de plus avant d'aider Sarang à monter sur le lit pendant que Yewa y montait d'un bon avec toute sa gracieuseté féline et se glissa sous les draps en prenant soin de conserver la chienne avec lui puisque son chaton se fichait complètement de lui. Song détestait ce genre de température. Ça l'empêcherait probablement de dormir, alors il flatta la fourrure blanche du chiot, un peu comme pour se rassurer.

Un énième soupire lui échappait alors qu’il se prenait le visage entre les mains. Cela faisait maintenant presque 15 heures qu’il était assis à ce bureau, travaillant sans relâche. Il n’en pouvait plus. Son corps entier réclamait un peu de repos. Mais il ne pouvait pas se le permettre pour plusieurs raisons. Premièrement, l’entreprise avait besoin d’un coup de neuf. Deuxièmement, s’il rentrait maintenant il croiserait Taeyeol et son cœur le ferait souffrir. Troisièmement, travailler l’empêchait de penser et de succomber aux tentations, qui se faisaient de plus en plus pressantes et envahissantes. La tentation de pardonner à celui qu’il aimait, par exemple. Plus les jours passaient, plus il ne pouvait que remarquer tous les efforts que son ex-amant faisait pour lui, et ça lui réchauffait le cœur. Bien trop, en fait. La tentation de consommer était également très forte. Oublier, s’évader, rire. Il en aurait eu besoin. Mais il ne pouvait pas se permettre de sombrer. Pas encore.

Un café fumant se posa devant lui, le sortant de ses pensées. Une main glissa lentement de son dos vers ses cheveux, le faisant légèrement frissonner. Il n’eut pas besoin de se retourner pour savoir qu’il s’agissait de son assistante. « Merci Maylin, tu es un amour tu sais ? Il est presque 21 heures, tu peux y aller maintenant. Vas te reposer. » Une main douce lui ébouriffa les cheveux alors qu’il prenait une gorgée de café. « Oppa, tu ne vas pas rester ici toute la nuit quand même ? Et si c’est le cas, alors je reste. C’est toujours moins pénible avec un peu de compagnie…non ? » Le dernier bout de phrase fut prononcé en un chuchotement, près de son oreille, le tout se voulant sensuel. L’effet était là, il ne pouvait le nier. « Ne t’inquiètes pas, j’achève tout ça. Allez, file !» Un sourire se dessina sur ses lèvres alors que son assistante se défilait en souriant, alors qu’il pouvait aisément lire la déception dans ses yeux. Elle le désirait, il en était conscient. Ses caresses fréquentes, ses regards langoureux, ses sourires coquins, il aurait été aveugle de ne pas remarquer. En s’accordant une légère pause, il la regarda enfiler son manteau et son écharpe. Elle était belle, c’était frappant. Une taille mince, des courbes généreuses, un sourire angélique, des yeux expressifs, une bouche en cœur. Elle attirait tous les regards dans l’établissement, y compris le sien. Ils s’entendaient bien, il adorait son assiduité au travail et sa minutie. Il avait trouvé en elle l’assistante parfaite et, selon sa mère, la femme idéale pour lui. Après tout, comme lui rappelait sa créatrice, il n’avait jamais pris le temps de réfléchir s’il n’aimait que les hommes, ou s’il pouvait s’intéresser aux femmes. Il n’y avait toujours eu que Song. Oui, Jaehwa aurait pu être bien avec cette jeune femme pleine d’avenir. Mais son cœur ne voyait pas les choses de la même manière, songea-t-il en détournant les yeux pour les refixer sur son travail.

Il eut beau essayer durant plusieurs minutes, il n’avait plus le cœur à travailler. Se relevant lentement de sa chaise, il se dirigea donc vers la gigantesque baie vitré qui couvrait un mur entier de son bureau, et qui donnait sur la ville. Il pleuvait des cordes. La température s’harmonisait à la perfection avec son humeur : triste et grise. Bien sûr, il ne pleurait plus depuis plusieurs jours, à court de larmes. Mais la tristesse et la douleur n’en étaient pas moins présentes. Elles semblaient même s’intensifier. Il aurait pu rester là longtemps, devant sa fenêtre, si un coup de tonnerre ne l’avait pas fait sursauter alors qu’un éclair déchirait le ciel d’un éclat bleuté.

Un orage. Son cœur ne fit qu’un bond : Taeyeol détestait les orages. Il en avait une peur bleue. Il ne devait pas y aller, se répétait-il en mettant sa veste d’un geste rapide. Ce n’était pas son rôle de le consoler, se répétait-il en fermant son ordinateur et en rangeant vite-fait son bureau. Il s’en fichait complètement, se rappelait-il en sortant de l’établissement aux pas de course. Le laisser avoir peur tout seul était bien peu de chose comparé à ce qu’il lui avait fait, se disait-il en arrêtant dans un marché pour acheter le chocolat préféré de Song. C’était tout ce qu’il méritait, essayait-il de se convaincre en montant quatre à quatre les escaliers menant à leur appartement.

C’est en refermant la porte d’entrée qu’il réalisa pleinement que son cœur avait pris les commandes encore une fois et qu’il ne pouvait pas, qu’il ne pourrait jamais se résoudre à laisser Taeyeol seul pendant un orage. Enfin, ce n’était pas comme s’il lui pardonnait, après tout, se rassura-t-il en filant dans la salle de bain pour enlever ses vêtements mouillés et les remplacer par un simple jogging. Ce n’était pas pour lui qu’il faisait tout ça, c’était seulement parce qu’il était une bonne personne, s’assura-t-il en attrapant son ipod et poussant doucement la porte de la chambre d’amis.

Sans un mot, il se faufila dans le lit et même après trois longues années, il fit exactement la même chose qu’il avait toujours fait lors d’un orage : il attrapa les draps et les passa par-dessus leurs têtes, pour les protéger de l’orage, il alluma son ipod pour faire un peu de lumière et éloigner la noirceur et il brandit fièrement les palettes de chocolat en souriant finement. « Tu vois, avec tout ça, l’orage ne pourra pas te manger ! » Une phrase. Une petite phrase enfantine, exactement la même qu’il avait dit la première fois à 5 ans, et qu’il avait toujours dit ensuite. C’était son petit rituel pour le rassurer, leur petit rituel à tous les deux.

Ce n'était qu'un orage, rien de plus. De la pluie, du tonnerre et des éclairs, rien de plus. Pourquoi avoir peur ? Avant même de s'en rendre compte, Taeyeol cherchait à se rassurer lui-même avant de se rendre compte que ça ne donnait que bien peu de résultats puisque sa main continuait de trembler alors qu'il caressait le poil blanc du chiot qui se lovait contre lui, visiblement également apeuré par les bruits qui grondaient à l'extérieur. Il avait réussi à affronter les journées moches des trois dernières années tout seul, ce n'était pas une fois de plus qui allait le tuer. Il n'y avait aucune raison valable pour qu'il soit présentement en train de souhaiter que Jaehwa débarque comme un prince pour venir lui tenir compagnie et le rassurer comme autrefois. Ce temps était terminé. Ils étaient des adultes et, le plus important de tout, ils n'étaient plus un couple. Tae n'avait pas a désirer une telle chose. Il devait prendre sur lui, comme les fois précédentes et trouver le moyen de s'endormir malgré la frayeur qui lui glaçait le sang à un niveau horrible. Cette peur n'avait pourtant aucune raison d'être fondée, du moins, pas qu'il sache. Peut-être qu'un coup de tonnerre l'avait déjà terrifié alors qu'il n'était qu'un bébé et que ça l'avait conditionné à associer ce son à ce sentiement... Décidément, Song devait arrêter de s'intéresser aux livres de psychologie. Ça commençait à prendre pratiquement autant de place dans sa vie que ses cours d'hygiène dentaire.

C'est environ à ce moment que Tae perçut le son de la porte d'entrée qui s'ouvrait. Jae devait être rentré et irait probablement directement se coucher puisqu'il devait être fatigué. Même en vivant ensemble, ils ne se voyaient pratiquement jamais, ce qui avait un côté fortement désagréable pour l'aîné. Il partageait le même milieu de vie que celui qu'il aimait et ne percevait souvent son visage que quelques minutes, voire quelques secondes, par jour. Néanmoins, une chose le surpris : le fait que la porte de sa chambre s'ouvrit. Park ne viendrait tout de même pas jouer son rôle d'accompagnateur pour affronter cet orage, si ? Il fallait bien se rendre à l'évidence que c'était ce que son cadet comptait faire lorsque ce dernier se glissa à ses côtés dans le lit pour passer le drap par-dessus leurs têtes et les éclairer à l'aide de son ipod. Tae ne se gêna nullement pour adresser un regard incrédule à Park, surpris d'une telle attention puisque ce dernier avait passé ces derniers temps à principalement l'ignorer ou l'éviter. Rouspéter n'était pas dans ses intentions, par contre. Il ne cracherait certainement pas sur un peu de compagnie pendant un orage et laissa le loisir à Jaehwa de se faire une place confortable à ses côtés, finissant par lui adresser un fin sourire lorsque ses paroles retentirent à son oreille. « Je pensais pas que tu viendrais... » C'était la pure vérité. Il avait osé le souhaiter, mais Taeyeol n'avait jamais cru que cela deviendrait réalité vu le froid qui s'était manifestement glissé entre eux. Lui accordant un rapide remerciement, le plus vieux prit la barre de chocolat et la déballa pour ensuite la casser en deux et en tendre une partie au plus jeune. « Tu rentres tard, aussi. Y'avait beaucoup de boulot ? » Autant essayer de maintenir un semblant de conversation, aussi superflu soit-elle, que de rester dans le silence le plus complet à croquer son morceau de chocolat.

Taeyeol ne pensait pas qu’il allait venir ? Et bien lui non plus, en fait. Jaehwa n’aurait jamais cru quelqu’un qui lui aurait dit au début de la journée que le soir-même il se retrouverait dans le même lit que son ancien amant. Après tout, il avait réussi à l’éviter et à l’ignorer d’une façon remarquable dans les deux semaines suivantes leur rupture. Pourtant, ce simple orage avait tout fait basculé. C’était comme si son corps avait agi d’instinct, ignorant superbement le refus de coopérer de son cerveau. Si son aîné avait toujours eu ce petit côté mère-poule, le cadet pour sa part avait toujours eu un côté père-poule. Il n’avait jamais été du genre à s’inquiéter pour un petit rhume ou une blessure, comme Song l’avait toujours fait. Il était plutôt du genre à en rire, pour être honnête. Mais Jae avait toujours eu ce besoin de protéger les autres contre les choses qui leur faisaient peur. Il s’était toujours mis devant ses petites sœurs pour les protéger, avait toujours pris le blâme sur lui pour leur éviter les coups de leur paternel. Il faisait la même chose avec Taeyeol et ses peurs personnelles. Même avec toute la volonté du monde, il ne pouvait s’empêcher de protéger. Haussant les épaules, il eut un léger sourire en soufflant « Ça me rendait fou de te laisser tout seul quand j’étais en prison. Alors ça été plus fort que moi quand j’ai entendu le coup de tonnerre…»

Il attrapa le morceau de chocolat et l’engloutit en réalisant soudainement qu’il était affamé. Il n’avait rien mangé depuis le déjeuner, en fait. Trop débordé, comme d’habitude. « Il y a toujours beaucoup de boulot. Mais je ne suis pas toujours là, en fait. Le lundi et le jeudi matin, je suis à l’université pour continuer mes cours de droit. Une fois les cours terminés, je file à l’agence pour recommencer à travailler. De 20h à 23h, en général, je fais des devoirs. C’est pour ça que je rentre toujours tard. » Il se tenait occupé le plus possible. Pour s’empêcher de penser, de pleurer et de déprimer. C’était une manière comme une autre de noyer son chagrin. Et puis c’était productif, de surcroit.

Attrapant son ipod distraitement, il fouilla parmi ses mille et une listes de chansons pour en trouver une vieille qui portait le titre éloquent d’ «Orage». Il la fit jouer en trame de fond alors qu’il volait un autre morceau de chocolat à son colocataire. « Mais demain je prends congé, je viens de le décider. Alors tu vas avoir ton samedi de congé mon cher, tu vas pouvoir étudier en paix sans avoir à te soucier de tout l’appartement. Je vais m’occuper du ménage et des bestioles. D’ailleurs je songe à engager une femme de ménage. Je ne suis jamais là et tu fais tout. J’ai bien beau avoir rompu, je ne veux pas te transformer en esclave. Puis tu as besoin d’étudier. Alors je m’occuperai de ça cette semaine, qu’en dis-tu ? » Il continuait tout de même de se préoccuper de lui, ses dires venaient de le prouver. Il avait bien vu toutes les attentions que son ainé lui avait faites, et n’avait pu que s’inquiéter de la santé de ses études. Les siennes en souffraient, alors pourquoi pas celles de son ex ? Après tout, il semblait affecté de leur rupture, lui aussi. « Au fait… comment ça va dans tes études ? On n’en a jamais vraiment parlé depuis mon retour. Tu aimes ça ? » Un coup de tonnerre puissant vint l’interrompre dans ses propos. Il sursauta légèrement : il n’avait pas peur, certes, mais il n’aimait pas le vacarme des orages. Son attention se porta sur la petite boule de poil blanche entre eux, qui avait émis une faible complainte. « Dis-moi pas que tu as peur de l’orage toi aussi ma puce ? Tu dois tenir ça de maman.» Un sourire taquin se faufila sur ses lèvres alors qu’il relevait les yeux pour croiser le regard de son vis-à-vis. Il y avait toujours eu ce petit jeu entre eux, de se taquiner à savoir qui serait la fille du couple. Le côté mère-poule de Song avait toujours constitué un fort argument pour Park et sa couleur de cheveux rosée l’aidait davantage maintenant. Caressant la fourrure de la petite chienne, il la sentit sursauter alors que la chambre se remplissait d’un éclat bleuté à nouveau. C’était vraiment un orage particulièrement violent. Lui-même n’aurait pas été rassuré d’être tout seul par un tel temps.

Ses propos le firent sourire pour la simple raison que ça le touchait de l'apprendre et qu'il n'avait absolument aucune difficulté à s'imaginer la scène. Malgré tout, ça ne l'avait pas empêché de douter que Jaehwa remplirait ce rôle encore aujourd'hui alors qu'il était dans une situation plutôt incertaine en ce moment, mais comptait-il le chasser du lit pour autant ? Pas du tout, bien au contraire. Le savoir s'être empressé de revenir, pour lui, à cause de l'orage, ça ne pouvait que renforcer cet amour qu'il avait toujours entretenu pour son cadet. À son tour, Taeyeol dévora un morceau de chocolat en écoutant l'énonciation de l'horaire chargé dont faisait preuve Park. « Oh, je vois. D'ailleurs, je t'ai encore laissé à manger dans le frigo, si jamais t'as faim. » Parce qu'on ne peut pas empêcher Tae de se laisser libre cours à son instinct maternel de toujours prêter attention à son entourage. Faire à manger, tenir les lieux propres, se charger de payer les factures, s'occuper de tout, ça ne le dérangeait pas. En fait, c'était une activité qu'il aimait bien. Il lui était déjà arrivé à quelques reprises de tenir le livre de comptes familial avec sa mère ou son père pour leur filer un coup de main. Néanmoins, entendre le fait que le lendemain serrait une journée plus tranquille pour lui ne put que lui permettre de souffler pendant une seconde. Entretenir un ménage était une chose, jonglé avec ça et des études en était une autre. Encore heureux que Song ne travaillait pas encore, sans quoi, il se serait très certainement déjà surchargé. « Ce serait bien, mais te sens surtout pas obligé. Ça ne me dérange pas de faire tout ça. » Tout simplement car Taeyeol ferait bien des choses dans l'optique simple de faire plaisir au plus jeune.

Le sujet en profita pour bifurquer vers les cours et pour une fois que Tae avait l'occasion d'en parler ouvertement sans risquer les regards meurtriers de ses parents, il n'allait pas se gêner. « J'aime bien, mais c'est pas ce qui me passionne le plus. J'achève donc je vais terminer, mais je crois que je vais aller étudier en psychologie après... » Song s'était rendu à l'évidence que dévorer les livres de psychologie de sa mère lui plaisait plus que la normal et qu'une passion s'était littéralement développé dans ce domaine au cours des dernières semaines, comme s'il lui avait fallu quelques années avant de trouver ce qu'il désirait réaliser dans un avenir rapprocher. Le coup de tonnerre passa inaperçu à ses propres oreilles, certainement parce qu'il avait été plus axé à réfléchir sur son orientation scolaire, mais la chienne ne manqua pas d'entendre le bruit fort et marqué qui la fit s'agiter dans ses bras. « Maman élève quasiment ses enfants seuls, elles ont pas trop le choix de tenir de maman, yah. » C'était surtout en direction du chaton dont il avait fait l'acquisition par lui-même et s'en occupait assidûment, mais aussi au fait que depuis quelque temps, il était ardu de nier à quel point Taeyeol se chargeait de s'occuper également du jeune chiot.

Un nouveau coup de tonnerre fit paniquer Sarang qui lui échappa des mains pour filer se réfugier autre part dans la chambre, hors du lit, et Taeyeol n'eut pas le temps de la retenir. Tant pis, elle se trouverait un lieu sûr pour s'y coucher et essayer de dormir, probablement. Par contre, lui s'était inconsciemment rapproché de Jae par pur réflexe afin de trouver une source de protection, allant même jusqu'à poser la paume de sa main contre son torse. Ce genre de moment ne faisait que renforcer son comportement souvent bien féminin que venait le classifier dans le rôle de dominé dans leur relation, encore une fois. « Woups. » Instinctivement, l'aîné chercha aussitôt à retirer sa main en évitant le regard du cadet.

Jaehwa lui adressa un sourire lorsqu’il l’entendit lui dire qu’il lui avait laissé à manger, au cas où. Depuis leur rupture, Song avait multiplié les attentions pour lui et malgré qu’il tentait de ne pas y faire attention, il en était touché. De plus, il devait avouer qu’il adorait la nourriture que son cadet cuisinait. C’est en portant rêveusement un morceau de chocolat à ses lèvres que le cadet décida que dès le lendemain, il s’occuperait de tout dans l’appartement pour que son ainé puisse souffler un peu. Il avait beau lui en vouloir, il n’était pas capable de le laisser tout faire sans lever le moindre petit doigt. Il ne voulait pas le transformer en esclave tout de même. « Je sais tout ce que tu fais dans l’appartement et toute l’énergie que tu y met. Je ne te l’ai pas dit dans les derniers jours parce que, enfin, tu vois pourquoi, mais ça me touche. Et je te remercie. Mais ça n’empêche pas que toi aussi tu as beaucoup de chose à faire, surtout de l’étude, et tu perds du temps précieux à faire la bonne pour moi. C’est pour ça que je vais engager quelqu’un. Je ne veux pas être tenu responsable d’un échec scolaire, alors vaut mieux prévenir ! »

La conversation prenait le tournant d’une vraie conversation, calme et amicale, ce qui plaisait au plus jeune. Après tout, ce n’était pas arrivé vraiment depuis leurs retrouvailles qui s’étaient constituées de discussions houleuses ou encore passionnées. Écoutant attentivement les propos du plus vieux, Park prit le temps d’analyser et de se former une opinion sur le métier de psychologue et les capacités de son ex à en être un. Oui, il était vrai que Taeyeol avait toujours eu une belle écoute. Il était toujours prêt à écouter et à conseiller ceux qui en avait besoin, que ce soit lui ou un de leurs amis. Son désir d’aider les autres avait toujours été très marqué dans sa personnalité. « Hm…je te verrais bien comme psychologue. Tu as les qualités nécessaires pour ça et tout. J’espère juste que ton côté mère-poule ne refera pas trop surface cependant. Sinon ça pourrait faire comme ces psychologues qui finissent par prendre trop à cœur le cas de leurs patients et tomber dépressifs eux-mêmes. Il faudra que tu fasses très attention à ça. » Bon oui, il avait lui-même un côté protecteur qui ressortait de temps à autre, comme à l’instant. Mais c’était tout de même une crainte qui avait lieu d’exister : Aey était tellement sensible parfois que ça pouvait être dangereux pour sa santé mentale, dans un sens. M’enfin. C’était à lui de voir.

Un rire lui échappa alors que son vis-à-vis lui répliquait du tac-au-tac. Il était vrai qu’il ne pouvait pas vraiment dire quelque chose sur l’éducation de leurs bestioles, ne s’y impliquant pas. « C’est un bon argument, maman. » Un coup de tonnerre fit détaler la petite boule de poils blanche entre eux et avant qu’il n’ait pu le réaliser, un corps s’était rapproché du sien et une main s’était posée sur son torse. Il aurait pu le repousser, il aurait dû le repousser. Mais il ne le fit pas. Simplement parce que ce simple rapprochement lui avait fait palpiter son pauvre idiot de cœur. Et lorsque celui qu’il aimait fit un mouvement pour enlever sa main, il posa sa main sur la sienne pour l’en empêcher. « Ça va. Tu peux rester tout près, si tu le veux. »Si le plus vieux avait besoin de réconfort et de protection, il avait besoin de tendresse et d’affection. Il avait besoin de lui. Sa main toujours posée sur celle de Song glissa lentement sur son bras, remontant sur son épaule et son cou pour finalement se poser sur sa joue pour l’inciter à croiser son regard, le tout dans une caresse douce et appuyée. « Et si… on prenait une pause de tout, juste pour ce soir. De nos disputes, de nos études et du travail, de nos familles, de nos amis. De tout. Juste un soir, juste … nous deux. » Il pinça les lèvres nerveusement. Pour une fois, c’est lui qui avait peur d’être rejeté par l’autre. Rejeté parce qu’il ne lui offrait pas une paix totale et définitive, parce qu’il ne se sentait toujours pas assez en confiance et prêt pour ça. Mais une paix temporaire, un moment de tendresse volé, de l’affection inespérée depuis plusieurs jours maintenant.

admire mes adverbes, oh my god. xD

Ça ne lui aurait servi à rien de protester, connaissant que trop bien son cadet qui ferait éventuellement appel à une femme de ménage, qu'importe ce qu'il dirait sur le sujet. Du coup, Taeyeol préféra capituler pour rapidement se prendre un avertissement s'il s'enlignait vers la psychologie. Certes, Jaehwa marquait un point quant à son côté un peu trop maternel qui avait une forte tendance à vouloir en prendre trop sur ses épaules et vouer un attachement trop important à la situation d'autrui. Or, parfois il fallait tout simplement apprendre à faire la séparation entre vie privée et le travail pour que tout fonctionne. Dans tous les cas, Tae verrait bien rendu là puisqu'il était encore bien loin de ce but.

Le tonnerre se chargea de ramener le tout à la situation actuelle que représentait la peur panique qui grugeait l'aîné de l'intérieur, ainsi que le chiot apparemment vu comment elle détalla pour aller se réfugier ailleurs. Song voulut retirer sa main qui s'était posée inconsciemment contre le torse de son cadet, mais il fut stoppé dans son geste et glissa un regard intrigué en direction de Park. Après avoir eu le droit d'être quasiment ignoré au cours des derniers jours, la dernière chose à laquelle il s'était attendu était bien tout ça et ça n'avait donc rien d'étonnant qu'il soit surpris de son attitude soudainement si affectueuse. Ce n'était pas quelque chose qui allait lui déplaire, néanmoins. Loin de là puisque les prochaines paroles du plus jeune suffirent à forcer un sourire sur les lèvres de l'aîné qui ne trouva aucune objection à écouter son instinct et se blottir contre celui qu'il aimait. S'il y avait bien une chose que Taeyeol ne ferait jamais, c'était de rejeter Jaehwa, pour des raisons plus qu'évidentes et dont il était plus qu'inutile de rappeler leur origine. « C'est pas une mauvaise idée. » Encore une fois, Tae n'écouta que lui et alla chercher un baiser de son propre chef. Parce que ça lui avait manqué. Parce qu'il adorait les lèvres de Park. Parce qu'il aimait l'embrasser. Parce qu'il l'aimait tout bonnement et que toutes les raisons étaient bonnes pour obtenir de l'affection de sa part.

À un point tel que Song lui en octroya un second avant de venir possiblement gâcher le moment comme il avait la si mauvaise habitude de faire avec des paroles stupides et spontanées. L'instant était certainement mal choisi pour décider de se lancer dans quelques paroles appuyant sur le fait qu'il aimerait que cette trêve se poursuive indéfiniment. Autant ne rien dire. Depuis que Jae était revenu, à chaque fois qu'il avait ouvert la bouche, le tout s'était soldé par une engueulade : à quoi bon remettre ça ? Plutôt, il tenta d'oublier le bruit de l'orage à l'extérieur de l'appartement et glissa sa main contre le torse dénudé qui s'offrait sous ses doigts, descendant jusqu'à son ventre pour bifurquer sur le côté et venir se poser contre sa hanche. Mine de rien, malgré le fait qu'il avait cru comprendre que c'était ce que voulait son cadet, Song n'avait que très peu envie de se prendre un râteau en réalisant qu'il s'était gouré et avait mal interprété.

words : mal, recours, inanimée

Et tes maux sont : Candide - Litige - Acrostiche

Il maudissait ce maudit orage qui l’avait fait revenir presque en courant protéger son ainé, prouvant de ce fait même qu’il était toujours autant amoureux de lui. Lui qui avait passé deux semaines à l’ignorer méthodiquement, à être le plus froid et distant possible, venait de tout effacer en un rien de temps. Si sa tête l’empêchait d’oublier toute la colère, tous les mauvais souvenirs, son pauvre cœur n’avait manifestement aucun orgueil et ne cherchait qu’une chose : tenir Taeyeol dans ses bras. C’était un manège vicieux qui régissait tout son corps : s’il réussissait à rester à une bonne distance physique et visuelle, Park pouvait maintenir ses positions sur leur rupture. Mais il savait pertinemment que s’il discutait trop longtemps avec Song, s’il l’entendait rire, s’il le touchait ou qu’il s’en approchait trop, c’est son cœur qui prendrait les commandes. Et ce foutu orage avait bel et bien confirmé cette théorie. Écartant complètement toutes pensées rationnelles et logiques face à son comportement des dernières semaines, son cœur lui commanda de le garder contre lui. De lui sourire amoureusement quand il confirma que c’était une bonne idée. De répondre à chacun de ses baisers. Il commanda à sa peau de se hérisser légèrement de chair de poule lorsque les doigts agiles de son ex-amant parcoururent son torse et son ventre pour venir se reposer sur sa hanche.

Il s’était lancé dans un combat perdu d’avance, il le savait bien. Il avait eu beau prendre tous les recours nécessaires pour l’oublier, il n’y arrivait pas. Il ne pouvait pas arrêter de l’aimer. Il ne pouvait pas s’empêcher de penser à lui à toute heure de la journée, de mourir de jalousie à la seule pensée d’ignorer où il se trouvait. Il ne pouvait pas, malgré toute sa volonté, arrêter de le désirer. Aveuglé par la colère, Jae s’était lancé dans une guerre contre l’ennemi le plus redoutable qui soit : l’amour. Enfant, il buvait les paroles de sa mère –qui lisait beaucoup trop de romans à l’eau de rose- qui lui disait que l’amour était un sentiment merveilleux, qui faisait naitre joie et épanouissement. Maintenant il savait que c’était faux. L’amour était un sentiment vicieux, manipulateur, qui ne créait que désespoir et dépression. L’amour était la définition du mal, ni plus ni moins, et était impossible à vaincre. Il était prisonnier de cette infâme émotion qui en plus d’être vile, avait un allié puissant : le désir.

C’est sous l’influence du désir que le corps du cadet, resté inanimé durant quelques secondes sous la réflexion, reprit vit et se hissa lentement au-dessus du corps de l’ainé. C’est le désir qui le poussa à agiter le drapeau blanc, signe d’inclination face à l’amour. C’est le désir qui l’emmena à embrasser son ex-amoureux avec tendresse, puis rapidement avec fougue et passion. C’est le désir qui activa sa main droite pour la faire glisser sous le haut du jeune homme aux cheveux roses tout en prolongeant langoureusement le baiser qui n’en pouvait plus de finir. Mais c’était plus qu’un désir sexuel. C’était le désir de le faire sien, uniquement sien, révélant une possessivité qui se reflétait dans chacun de ses gestes, de ses baisers. C’était le désir de le retrouver après une si longue période sans contact. C’était le désir de le dominer, de paraitre fort alors qu’il s’était montré si faible dans leur dernière conversation. Le désir de lui faire perdre la tête comme il la lui faisait perdre. Il ne voulait pas nécessairement coucher avec lui, il voulait simplement étancher cette soif vitale de contact et d’affection dont il les avait privé tous les deux.

Juste une nuit, une toute petite nuit. Ça ne pouvait pas faire de mal à personne, non ? Il n’arrivait plus à peser le pour et le contre alors qu’il glissait ses lèvres dans le cou de son amant temporaire, s’enivrant de son odeur si douce et rassurante, pour y déposer une kyrielle de baisers papillons.