Christopher était à l’hôpital. Les check-up régulier c’était un peu devenu son pain quotidien. Scanner d’abord… Et si on confirmait que les éclats restant dans son crâne n’allaient pas mal y réagir : IRM. Jusqu’à présent, tout était toujours pareil. Pas de problème majeur. Visiblement il vivrait encore longtemps, fallait juste vérifier un coup de temps en temps quoi. Bien sûr il y avait toujours l’alexie… Et même si c’était impossible, Chris espérait qu’un jour les docs s’étonnent devant les images de son cerveau en tranches et s’exclament un truc genre « ça alors ! La matière grise s’est réparée d’elle-même ! ». Ho, c’était beau l’optimisme !

Il y avait aussi cette vue en noir et blanc. Mais bizarrement, c’était celui de ses handicaps auquel il s’était le mieux accommodé et pourtant, il se frustrait encore au moment de choisir quelques vêtements ou quoi… Mais ça, il pouvait toujours feindre d’avoir pas trop de goût et demander à quelqu’un de l’accompagner pour l’aider à choisir quoi. Pour l’alexie, il passait juste pour un gros analphabète… Ou un menteur parce qu’il savait écrire. Comment expliquer à qui que ce soit qu’on était capable d’écrire mais pas de lire ? Bref…

Christopher était dans une salle d’attente réservée pour les scanners et IRM. Il était assez tard, pas loin de 22h mais compte tenu de son emploi du temps un peu chargé, il n’avait pas vraiment pu faire autrement. Une chance que les hôpitaux soient en service continu, eux ! Mais cette heure tardive avait au moins le bon avantage qu’il n’y avait personne, si ce n’était un couple de petits vieux qui somnolaient à demi en se tenant serrer l’un contre l’autre, comme s’ils avaient un peu froid. C’était mignon et effrayant à la fois, à son avis. Romantique et tragique.

L’endroit était silencieux, bien éclairé… Et quand on ne distinguait pas les couleurs, l’éclairage était un truc qui comptait beaucoup. En tout cas, Christopher était posé là, jambe plus ou moins écarté, un sac de ses affaires entre ses pieds, blouson sur le dos et tête légèrement renversée contre le mur. Il écoutait les bavardages infirmiers quand ceux-ci passaient à proximité, le pas feutré de ces derniers… Il se plaisait au parfum aseptisé de l’endroit aussi. Parce que si beaucoup de personne détestaient cette odeur, ce n’était pas son cas. Peut être parce que sa vue lui faisait défaut et qu’on se plaisait à ses sens les plus aiguisés, allez savoir.

Ceci étant dit, sentant qu’on s’approchait clairement trop près pour ne pas s’intéresser à son cas, Christopher rouvre un œil, puis les deux, en se redressant. Une infirmière se tenait là, dans son bel uniforme. Elle était jeune, jolie, avec un teint de pèche et de jolis yeux rieur. Ses cheveux étaient soigneusement maintenus, hygiène oblige. Ses membres fins, sa longueur plutôt courte et sa taille menue. Christopher a un sourire pour elle, spontanément, parce qu’il avait toujours été sociable et que cette jeune femme semblait naturellement positive et avenante.


Il en doutait, il était un peu en avance et l’hôpital était toujours en retard, lui. Son accent roule un peu sur sa prononciation coréenne mais qu’on l’excuse, il dormait à moitié et fallait que la machine se remette en route. Etait-ce parce qu’il avait l’air d’être sur le point de s’endormir qu’elle intervenait ? Ou bien complètement autre chose ?


Et au cas où :


Il espérait pouvoir faire les deux le même jour, pour tout dire ! Ca lui éviterait de devoir poser un jour ou de trouver un créneau un peu bancal, comme là. Son regard va un peu à gauche et à droite et finalement, un petit sourire repassant sur ses lèvres, il en revient à la jeune femme en face de lui, admettant :


Et puis bon, peut être un peu bavard mais également curieux :


De fait, avec sincérité et chaleur, Christopher ajoute un joyeux :

Christopher attend… Et en même temps, on ne peut pas vraiment dire qu’il puisse faire autre chose. La femme en face de lui n’est pas surprise par son accent, pas plus que par son prénom… Et pendant une seconde, il y a un moment de flottement où Christopher regarde vaguement autour de lui, comme jugeant de la fiabilité du moment, au cas où il serait en train de rêver à un truc pas folichon. Désolé, c’est que depuis qu’il était ici, c’était la première fois qu’on s’arrêtait à ce point peu sur ce genre d’élément significatif.

Il en revient à elle qui continu de farfouiller dans un petit tas de feuilles et honnêtement, il se demande à quoi elles peuvent bien toute servir compte tenu du fait qu’ils sont trois dans la salle d’attente pour probablement seulement deux patients. Il ne dit cependant rien, devant s’admettre qu’il ne maîtrisait pas trop les rudiments du comportement hospitalier, surtout en matière de paperasse et encore plus dans ce pays.

Elle rebranche tout de même à son sujet, soudainement, lui proposant d’aller lui prendre son café puisqu’elle comptait en faire de même. Ca manque un peu d’élégance… Mais Christopher acquiesce, la remerciant brièvement. C'est-à-dire que de toute façon elle connaissait mieux les lieux que lui. Ceci étant dit :


Manquerait plus qu’il ait attendu dans le vent ! Elle finit cependant par trouver le document qu’elle cherchait vraisemblablement après l’avoir salué et Christopher se montre aussi attentif que patient. Elle lui parlait de l’attente comme s’il ne la connaissait pas mais elle ne pouvait probablement pas savoir que ce genre de check-up était en quelque sorte son pain quotidien. Il se contente donc d’acquiescer, se demandant finalement toujours pourquoi elle était venue mais visiblement, la dame était distraite par autre chose depuis le début de leur conversation. Ou alors c’était une simple impression qu’il avait… Peut être qu’il était simplement un peu plus grognon parce que fatigué ou juste fatigué oui.

En tout cas, alors qu’elle ne semble pas vouloir en dire davantage, il y a comme un petit malaise pendant que Christopher se demande ce qu’il devait faire ou dire exactement. « Mee Nah », puisque c’était son prénom attendait-elle quelque chose de lui ou… ?

De fait, Christopher finit par se mettre debout, son regard en noir et blanc balayant une nouvelle fois l’espace d’attente avant qu’il ne s’enquiert :


Et de se mettre à fouiller un peu dans ses poches à la recherche d’un peu de monnaie pour deux. Parce qu’il pouvait bien lui payer son café histoire de pas passer pour un rapiat, un goujat ou bien encore les deux… Et tout comme il met la main dessus, les extirpant de sa poche ainsi qu’un bouton qui avait sauté d’une chemise plus tôt dans la journée et qu’un papier de bonbon (pas super classe mais au moins c’était pas là des bidules crades !), il demande encore :


Rapidement il supposait mais quand exactement ? Parce qu’il allait encore devoir se trouver un créneau horaire quoi. D’ailleurs pour ne pas avoir l’air trop impatient, ce qu’il n’était pas de nature, il ajoute :


Puis faisant signe à la demoiselle de le précéder pour aller à la machine à café, où qu’elle soit, il ajoute :


Question de politesse… Et il ne voulait pas passer pour un indésirable alors qu’il pouvait aussi se taire et continuer de somnoler un peu dans son coin… !