Le rythme d’une musique parle. Il raconte une histoire, il inspire un sentiment. En boite, c’est pareil et ce que ce son aux basses surexposées tentait d’apporter à ces âmes en peine c’était l’oubli. Dans le sexe, dans la boisson, dans la danse, chacun oubliait temporairement ses soucis, ses maux. Et pour Il Sung, ce soir, rien n’était différent. Le jeune homme, pressé au milieu d’une foule de gens, dansait sur la musique assourdissante afin d’adoucir ses peines. Vous me direz, lui, ressentir de la peine ? Mais oui, pour tout dire, il venait de se voir refuser le droit d’auditionner pour une agence de recrutement d’idols après une évaluation de danse et croyez moi ou non mais les sentiments du beau brun étaient sérieusement touchés. Est-ce qu’il allait quand même auditionner ? Non, bien sûr que non. Si ses professeurs ne l’estimaient pas assez bon il n’allait pas se jeter dans la gueule du loup, au contraire, il allait rester encore plus longtemps dans la salle de répétition réservées aux spécialistes et simplement tuer son corps à l’effort jusqu’à ne plus faire qu’un avec la musique parce qu’il ne fonctionnait pas à la déprime, ça non. Son père lui avait pris que ça n’était pas en se morfondant qu’il obtiendrait quoi que ce soit dans la vie.

Alors il se contentait de se tenir aussi droit que possible et de bosser jusqu’à ne plus rien sentir, jusqu’à ce que ses jambes cèdent sous son poids. Mais étrangement, juste ce soir, il n’avait pas envie de danser, pas seul en tous cas et pas ce genre de danse alors sans prévenir, il s’interrompit simplement, marchant malencontreusement sur le pied d’une fille qui glapit de douleur, faisant hausser un sourcil au danseur qui secoua la tête et s’éloigna doucement, essayant de se frayer un chemin dans la masse de gens. Malheureusement, il n’avançait clairement pas assez vite à son goût, le bar était encore au moins à quinze mètres de lui. Il n’avait pas toute la nuit rien que pour traverser ce club idiot alors simplement, il se pencha un peu, leva la jambe et posa son pied au bas du dos du gars devant lui, le poussant ensuite habilement en éclatant d’un grand rire amusé en voyant les gens tomber à l’instar d’une série de dominos. Il dut se soutenir les côtes tant son rire était envahissant et plusieurs autres personnes riaient elles aussi. Lorsqu’il se fut enfin repris, il enjamba quelques bourrés encore sonnés par terre et progressa vers le bar avant qu’on lui attrape la cheville. Un petit sourire apparut sur ses lèvres alors qu’il connaissait trop bien la suite des évènements. Il sentit quelqu’un le tirer et ne sut se sortir de sa poigne que par une habile torsion du corps, déstabilisant même le gars qui le regarda d’un air mauvais. « Mec, tu te crois supérieur à nous ? Tu crois que tu peux me marcher dessus et te barrer sans rien ? » IlSung haussa un sourcil curieux, regardant plus attentivement le mec. Environ sa taille, pas horrible mais clairement pas aussi beau que lui, des dents à revoir cependant. Il haussa une épaule alors, l’air désolé. « Ah je suis sans le moindre doute supérieur à toi en tous cas. Je ne sais pas si tu nous as bien regardés ? Mais si tu veux un règlement de compte je suis ton homme ! » Il regarda le mec venir pour lui coller une bonne droite bien sortie mais en bon lâche, IlSung tira le pull de la personne la plus proche qui encaissa le coup à sa place alors que lui-même en profitait pour coller un coup de pied juste contre le genoux du gars. Furieux, ledit gars balança de nouveau son poing en avant. Cette fois, c’est avec un air surpris que le jeune mannequin le prit en pleine mâchoire avec une telle force qu’il trébucha en arrière et tomba sur un plus petit. Il regarda brièvement en l’air pour remarquer une bagarre générale devant lui bloquant son adversaire. Alors il se retourna et sourit doucement, charmeur malgré la marque qui grandissait sur sa joue. « Hey sweetie. Désolé pour ça. Je t’ai fait mal ? » Playboy ? Un gentleman ne perd pas ses bonnes habitudes en tous cas !

Je marche. Je ne sais absolument pas où je vais, mais je marche. Je laisse mes pieds me porter sans me poser de questions. A vrai dire, j’ai bien une idée de où ils me conduisent, mais pour l’instant, je ne me presse pas vraiment. J’ai toute la nuit devant moi après tout. La journée au café a été rude. Nous avons sorti de nouvelles sortes de cappuccino, du coup les gens se sont pressés pour les goûter. Ils n’ont pas été déçus et nous non plus à vrai dire, la journée est passée tellement vite. Tellement vite à cause du monde et que nous avons mis les bouchées doubles.

Donc voilà, ce soir, c’est détente. A vrai dire, j’avais pour projet de m’installer dans mon lit avec un plateau télé et un bon film. Et puis finalement, quand je suis rentré chez moi, j’ai vu mon jean blanc et je me suis dit que ça serait franchement dommage de le laisser là alors qu’il ne demandait qu’à sortir. Alors j’ai écouté ses souhaits au petit chéri et j’ai pris une douche rapide avant de m’habiller correctement avec entre autres le fameux jean blanc et je suis sortis de chez moi histoire de voir du monde un peu. Il parait que ce n’est pas bien de rester enfermé tout seul chez soi.

Donc voilà, je laisse mes pas me guider. En vérité, je sais très bien où je vais. Je suis tout seul ce soir et quoi de mieux qu’un club pour rencontrer des gens ou même juste pour se divertir un peu ? Pas grand-chose je crois. Donc voilà, je finis par entrer dans celui où j’ai l’habitude d’aller. Enfin, habitude est un bien grand mot puisque je ne sors pas si souvent que ça donc bon, au final, c’est vraiment une petite habitude.

Comme je ne sais pas trop quoi faire quand je suis dans ce genre d’endroit, je me pose au bar et je commande une quelconque boisson. Ce n’est pas parce que j’ai une tête de gosse que j’en suis un, et j’ai le droit de boire de l’alcool, il ne fait pas croire. Les gens pensent toujours que je ne suis qu’un enfant, surtout quand on voit que ma petite taille s’ajoute à ma bouille de bébé, mais non, j’ai 19 ans.

Je ne m’attendais pas à voir un spectacle en venant ici ce soir, mais c’est pourtant bel et bien ce qui est en train de se dérouler devant mes yeux. Je mets un peu de temps à reconnaitre qui est à l’origine de ce qui est en train de se passer, mais la mémoire finit par me revenir. Moon Il Sung, jeune mannequin d’à peu près mon âge. Qu’est-ce qu’il est mignon. Et qu’est-ce que j’ai été coincé l’autre fois quand il est passé au café. Bon, j’ai été moi-même, mais plus coincé qu’avec les autres clients.

Enfin bref, il est complètement en train de foutre le bordel sur la piste de danse là, c’est un vrai carnage qui se termine comme prévu par une espèce de bagarre. Je me contente de le regarder faire jusqu’au moment où il se sert d’un mec comme bouclier. Je ne sais pas pourquoi je décide d’intervenir sachant qu’on ne peut pas dire que je sois taillé pour la bagarre, mais je m’approche quand même, mon verre à la main. Bien sûr, ce qui doit arriver arrive et je me fais bousculer par le jeune mannequin. Je ne sais pas comment je me débrouille mais le verre explose et je laisse tomber les morceaux au sol. On ne risque rien vu qu’on est près du bar mais quand même.

« C’est rien t’inquiètes, ça va… Merde, je saigne ! »

Je regarde ma main et je l’écarte précipitamment de mon jean blanc avant de faire une tâche dessus puis je lance un regard désolé au jeune homme. On se demande pourquoi sachant que c’est quand même lui qui m’a bousculé m’enfin…

« Bon, je reviens… »

Je le laisse en plan pour aller faire un tour aux toilettes. Je ne sais même pas pourquoi je lui ai dit ça sachant qu’il n’en n’a probablement rien à faire de moi.

Il y a des choses auxquelles on est peu habitués. Pour Il Sung c’était le refus, qu’il soit implicite ou explicite, tout le monde lui disait toujours oui, quoi qu’il demande. Il n’avait pas besoin de faire quoi que ce soit, de donner en retour, de chercher un accord dans les yeux de la personne il savait que tout lui était dû depuis le jour même de sa naissance. Personne ne savait lui dire non. Il ne put donc simplement pas le croire lorsque ce gamin sur lequel il venait presque de tomber ne rougissait même pas de la proximité, ne semblait pas plus troublé que ça et se conduisait comme si lui, Moon Il Sung, était un simple inconnu. LUI ! Il fronça simplement les sourcils. « C’est rien t’inquiètes, ça va… Merde, je saigne ! » Merde ? Merde ?! Il venait juste de dire merde devant lui, il se foutait complètement de son image devant le mannequin ou quoi ? Personne ne disait merde devant lui avant de se rendre compte qu’il n’était pas qui on pensait. Il osait faire plus attention à sa main qu’à lui ? Mais dans quel monde vivait cette personne si étrange ?! Il n’y avait absolument rien de normal chez lui. Le plus grand observa l’autre un instant, ses yeux glissant jusqu’à sa plaie, sa main saignant tout de même abondement. Il avait cassé son verre ? Un demi-sourire anima son visage lorsqu’il se rendit compte de ça. La pression ? Oui après tout, il était assez impressionnant alors c’était normal ! « Bon, je reviens… » Il sung retomba sur terre en voyant sa petite proie du soir se faire la malle vers les toilettes. Il sourit, courut vers le bar où le barman, qui ne le connaissait que trop bien, lui donna un petit tube de désinfectant et une bande stérile. Le jeune homme lui fit un clin d’œil et un sourire charmeur puis fila dans la direction des toilettes, glissant le nécessaire dans la poche arrière de son jean, souriant toujours un peu.

Lorsqu’il le vit vers les éviers, il s’approcha simplement, prédateur, prenant soin de fermer la porte derrière lui, n’aimant pas vraiment être dérangé pour ce genre d’approches. Il glissa simplement vers lui en silence et se posa juste dans son dos ou plutôt juste contre son dos, chacune de ses formes épousant si parfaitement celles du plus petit. Il sourit alors au reflet du jeune brun dans le miroir et se pencha un peu, glissant ses mains sur la sienne, blessée, le collant presque au lavabo en faisant mine de passer la plaie à l’eau, l’examinant avec un air faussement intéressé, surtout intéressé par la façon fascinante qu’avaient les fesses de son vis-à-vis de glisser si bien contre ses hanches, si agréablement. Il inspira en même temps une bouffée du parfum de son interlocuteur et en se redressant, il lui lança un nouveau regard dans la vitre. « Ça va ? Ça n’a pas l’air d’être si grave que ça en avait l’air, non ? » Sa voix grave, chaude, suave résonnait agréablement contre l’oreille du plus jeune et il eut un autre sourire. Il resta tout contre lui et sortit le désinfectant et la bande de sa poche, posant la bande sur le bord du lavabo et ouvrant le désinfectant. « Tiens-toi tranquille, d’accord ? » Il appliqua doucement le traitement sur les petites coupures, faisant bien attention à ne pas trop appuyer pour ne pas le blesser sans pour autant être trop doux et laisser le désinfectant s’infiltrer partout. Chaque contact était calculé ni trop doux ni trop brute. A vrai dire, il y avait quelque chose de craquant chez ce jeune homme et il l’aurait mangé tout cru si possibilité il y avait. Il sourit à nouveau « Je suis Il Sung. Sans vouloir avoir l’air d’un mauvais dragueur, tu m’es familier. Je t’ai vu quelque part avant ce soir ? »

Soirée pour se détendre, tu parles ! Je suis là depuis même pas trente minutes que c’est l’anarchie complète et ça, à cause d’une seule personne, j’ai nommé monsieur Moon Il Sung. Et je peux vous dire qu’il n’a absolument pas l’air perturbé par le bordel qu’il fout sur la piste de danse, à vrai dire, il a l’air de carrément adorer ça. Comme quoi, chacun s’occupe avec ce qu’il peut. Remarquez, moi je m’occupe bien en buvant vaguement dans mon verre depuis que je suis arrivé, Il Sung, lui au moins, il a l’air de s’amuser vu le sourire qui s’étire sur ses lèvres en voyant les gens tomber comme des dominos par sa faute. C’est dingue ça, comment les gens beaux et talentueux pensent que le monde leur appartient. Bon, je ne blâme pas non plus ce jeune homme parce que s’il est venu ici, c’est bien pour s’amuser, mais bon, ce n’est pas non plus la peine d’emmerder tout le monde au passage.

C’est peut-être pour cette raison d’ailleurs que je bouge enfin mes fesses de ce tabouret qui m’accueille depuis plus de trente minutes et que je me dirige vers lui pour lui expliquer que ce n’est pas cool. Bon en fait, je veux juste qu’il évite de se servir de quelqu’un d’autre comme bouclier. Oui parce que son premier est à terre donc il va en avoir besoin d’un autre, c’est dans la logique des choses. Enfin, dans la logique de mon cerveau en tout cas…

Sauf que voilà, la partie déterminée de mon cerveau qui est prête à lui dire qu’il ferait peut-être bien de se calmer un peu avant de faire exploser le club, s’envole. C’est son regard qui m’a fait ça je crois bien. Mais bon, ce n’est pas une raison pour me démonter. Ou peut-être que si finalement parce qu’il est vraiment trop canon. Et aussi que je ne suis qu’un pauvre petit serveur qui n’arrivera jamais à la cheville d’un mannequin comme lui. Heureusement pour moi, le fait que je me sois explosé la main avec mon verre et que ça saigne me sauve la vie. Je m’enfuis comme un voleur et vais me réfugier dans les toilettes. Une fois dedans, je souffle un grand coup et apprécie le calme qui règne dans a pièce. Je vais passer ma main sous l’eau et je lève les yeux sur le grand miroir lorsque j’entends la porte s’ouvrir. C’est lui. Je le laisse s’approcher de moi et se coller contre moi. Je n’aime pas ce genre de mecs, qui se croit irrésistible. Le truc, c’est que je suis incapable de résister à la pression de son corps contre le mien. Bon bah au moins je suis fixé, il me plait.

« Non ça va… Ce n’est pas profond donc ça ne fait pas mal… »

En disant ça, je ne le regarde pas dans le miroir mais je regarde ses mains sur les miennes. Il a prétexté vouloir me passer la main sous l’eau uniquement pour pouvoir se rapprocher de moi. Il n’y a pas à dire, il est doué, on voit qu’il a l’habitude de faire ce genre de trucs et je suis en train de tomber en plein dans le panneau. Mais voilà, je suis venu pour m’amuser, pas pour me prendre la tête alors pour l’instant je me laisse faire. En fait, c’est juste une excuse que je sers à ma conscience parce qu’au fond, je n’arrive tout simplement pas à lui résister. Je me contente de hocher la tête lorsqu’il me dit de ne pas bouger. Il n’a pas de soucis à se faire, je n’ai pas l’intention d’aller où que ce soit…

« Ji Nam Kyu… On s’est déjà vu en effet, dans le café où je travaille. Je ne pensais pas qu’un mec comme toi viendrait dans un petit café… »

Je le laisse finir de s’occuper de ma main avant de pivoter et de me retrouver face à lui toujours autant collé à son corps. Perdu pour perdu… je pose une main sur son torse pour essayer de garder un légère distance même si s’est peine perdu.

« Merci… Je… Ça te qu’on aille danser un peu ? A moins que tu préfères rester là… »

Pourquoi j’ai sortis un truc pareil moi…

Il se sentait à l’aise, dans son bain et pourtant complètement hors de son champ de fonctions ordinaires. Il ne se serait surement jamais approché de son vis-à-vis s’il avait eu à le faire de son propre chef. Pourquoi ? Allons, le moindre trait de ce visage respirait innocence et douceur, lui était ne personne de vice, pas de tendresse. Il se sentait pourtant soudain l’humeur à se laisser tenter par son air si doux. Quoique s’il sortait dans ce genre de club, il s’était surement fait de fausses idées mais bon… Qui ne s’était jamais fait une idée préconçue de qui que ce soit ? Il se contentait désormais d’apprécier la perfection de la proximité de leurs deux corps. Perfection étonnante d’ailleurs. Il aimait le contact d’ordinaire, ça oui mais de là à ressentir une telle satisfaction pour quelque chose de si trivial, il se sentait un peu idiot. Il sourit tout doucement vers leur reflet et fut un peu surpris par cette façon qu’ils avaient de se compléter de nouveau. L’un tanné, l’autre pâle, l’un séducteur, l’autre innocent, l’un noir, l’autre blanc. Ils étaient le jour et la nuit à n’en pas douter et de voir les deux ensemble d’un coup était plutôt agréable à vrai dire. Il devrait l’inviter pour un photoshoot un de ces quatre parce que leurs deux images se mélangeaient terriblement bien pour tout dire. « Non ça va… Ce n’est pas profond donc ça ne fait pas mal… » Il fut ramené sur terre et baissa son regard sur les plaies de son interlocuteur. Elles n’étaient pas jolies bien sûr mais les dégâts auraient pu être pire.

Pour être honnête, Il Sung savait qu’il était sûrement un des plus gros connards de la terre mais s’en foutait complètement, il ne vivait et ne vivrait qu’une seule fois et devait en profiter tant qu’il était dans cet état d’esprit. Il était naturel pour une personne comme Nam Kyu de prendre en grippe son type d’individu mais c’était ce qui rendait le challenge plus intéressant encore parce qu’il pouvait lire le dilemme que rencontrait le plus jeune à se laisser aller à ses bras empoisonnés ou à résister et pour le mannequin, c’était absolument délicieux. Il sourit en coin. « Ji Nam Kyu… On s’est déjà vu en effet, dans le café où je travaille. Je ne pensais pas qu’un mec comme toi viendrait dans un petit café… » Il fut à la fois surpris et vexé par ses paroles. Quelqu’un comme lui ? Il le connaissait pour une pub ou une apparition télévisée ou quoi ? Il aimait assez qu’on reconnaisse son talent et était plutôt habitué à être jugé. « Merci… Je… Ça te qu’on aille danser un peu ? A moins que tu préfères rester là… » Il haussa une épaule alors et prit vite fait la bande stérile pour protéger la main de Nam Kyu des agressions bactériales autour, fermant le bandage d’un petit nœud discret. Il glissa ensuite les doigts du plus jeune à ses lèvres et les embrassa en souriant en coin, extrêmement doux en se redressant.

« Les deux propositions sont alléchantes. Dansons d’abord puis laisse-moi t’offrir un verre ? » Il le ramena vers la salle principale, glissant un bras sur ses hanches pour ne pas le perdre et en même temps pour qu’on lui foute la paix, qu’on comprenne que pour ce soir, son agenda n’était plus libre. Il glissa entre les danseurs et lorsqu’il trouva assez de place pour danser contre le plus jeune il s’arrêta, l’attira contre lui et laissa son corps bouger sur la musique, proche du sien. « Au fait, c’est mignon NamKyu comme prénom. Et tu sembles en savoir beaucoup sur moi, plus que je n’en sais sur toi. Sache que les petits cafés c’est ce que je préfère pendant mes pauses. » Il sourit, s’éloignant un peu de son oreille dont il s’était furtivement approché pour susurrer ces mots traitres, séducteurs sur les bords, à peine empoisonnés. Et il glissa son regard dans celui du plus jeune, simplement pour se délecter du possible trouble dans son délicieux regard noisette.

Mais qu’est-ce que je suis en train de faire mon dieu. Jamais je ne devrais me laisser aller comme ça contre lui. Je sais que ce n’est pas bien et pourtant, je ne me dégage pas de son emprise. Je devrais le repousser, faire en sorte qu’il s’éloigne de moi et même sortir de cet endroit et rentrer chez moi. Mais non, au lieu de faire ce que je devrais faire pour ma propre sécurité, je reste là, coincé entre lui et le lavabo. Je sens que je vais le regretter et je ne fais rien pour arranger la situation. Il y a des moments où je me désespère. J’ai de la volonté pourtant, et je devrais être capable de lui dire de me foutre la paix et d’aller s’amuser avec un autre imbécile. Seulement voilà, maintenant qu’il est collé contre moi et qu’il prend soin de ma main, je n’ai absolument pas envie qu’il aille jouer avec quelqu’un d’autre.

Je dis jouer parce que c’est exactement ce qu’il est en train de faire, je le vois à ses yeux qui pétillent. Un vrai Don Juan, même pas capable de se contrôler. En même temps, pourquoi est-ce qu’il garderait le contrôle alors qu’il est sûr qu’il va obtenir ce qu’il désire ? Personnellement, si j’étais à sa place, je ferais la même chose. Sauf que je ne suis pas lui, je suis moi et que je suis loin d’être bête. Pourtant, on dirait que je le suis vu les paroles que je lui sors. Je suis persuadé qu’il faut que je m’éloigne de lui avant qu’il ne s’amuse trop, mais au lieu de ça, je l’encourage dans son jeu. Bon, au moins, l’avantage c’est que je sais qu’il s’amuse, ce dont certain n’auraient pas conscience. C’est sûrement ça qui l’amuse d’ailleurs, que je sois tiraillé entre deux choses. Espèce de sadique va !

« Oui, on fait comme ça… »

Je le laisse m’entrainer dans la salle principale. Il me rapproche un peu plus de lui en passant son bras autour de mes hanches. Ce geste fait de cette façon montre que je lui appartiens pour la soirée et qu’il est pris lui aussi, du moins, pour les personnes qui l’ont vu faire. Si je voulais rencontrer quelqu’un d’autre, c’est peine perdu. En même temps, soyons honnête, je n’ai pas envie de passer la soirée avec une autre des personnes qui est présente ici. Depuis que je suis entré, mon regard est attiré par lui. Comme quoi, j’aime les belles choses. Et je ne comprends pas parce que lui aussi doit aimer les belles choses et je ne pense pas que j’en sois une m’enfin bon… je le laisse danser contre moi en souriant et je fais de même, sans vraiment me poser de questions parce que de toute façon, il est trop tard pour reculer. Et que de toute façon, je n’ai plus envie de reculer maintenant. Même si au fond de moi, une partie se demande encore si c’est une bonne idée.

« Merci… Et tu sais, je n’en sais pas tellement sur toi, juste que tu es mannequin et que… Tu aimes les petits cafés pour tes pauses du coup… Tu peux passer plus souvent au mien, il y a des réductions quand on est client régulier, même si je me doute que tu as les moyens. »

Bah oui quoi, c’est vrai, il est mannequin et vu sa façon de se comporter, à mon avis, il doit mener la belle vie. Bon après, c’est vrai que j’argent ne fait pas tout, mais ça aide quand même un peu au moins. En attendant, on est sur la piste de danse donc je passe mes bras autour de son cou pour en profiter. Je n’aurais pas dû, surtout quand je me retrouve face à ses lèvres roses bien trop appétissante et qui ferait se damner Ève qui n’aurait qu’une envie, croquer dedans comme une pomme. Mais bon, je sais me retenir un minimum. Je préfère quand même détourner le regard avant de le regretter.

« Pourquoi moi Il Sung ? Je veux dire… Il y a pleins de mecs et de nanas mignons ici, moi je suis juste quelconque, tu aurais pu choisir une proie plus ‘’appétissante’’ pour toi si je peux dire ça comme ça. »

Ça ne me dérange pas bien au contraire, je me pose juste la question.

Un contact est une étincelle, une étincelle si faible parfois que vous la sentirez à peine. Mais c’est cette même étincelle qui déclenchera en vous un brasier dévorant. Le genre de brasier auquel il vous est impossible de résister, celui qui se répand aussi vite et efficacement qu’un feu de forêt, celui qui vous fait grimper à des hauteurs que vous doutiez pouvoir un jour atteindre. Et en ce moment, Il sung déclenchait ce qui était à ces yeux l’étincelle la plus délectable. Pourquoi ? Parce qu’il pouvait en voir les répercussions dans les yeux du plus petit. Nam Kyu était si facile à lire que c’en était à la fois déroutant et plaisant. Il adora lire au fond de ces orbes chocolat tout le doute qu’il lui inspirait, toute l’envie pourtant qui le poussait à rester contre lui alors que leurs hanches se frottaient doucement sur le rythme de la musique. Il sourit en coin et ses yeux glissèrent sur les lèvres du plus jeune qui semblait enfin se détendre un peu plus paisiblement contre lui, un peu plus librement. Il aimait ça. « Merci… Et tu sais, je n’en sais pas tellement sur toi, juste que tu es mannequin et que… Tu aimes les petits cafés pour tes pauses du coup… Tu peux passer plus souvent au mien, il y a des réductions quand on est client régulier, même si je me doute que tu as les moyens. » Ah vraiment ? Il le trouvait bien mal renseigné le jeune homme. Il avait sûrement eu vent de la situation de son père. Oui, monsieur Moon était plein aux as mais non, Il sung n’en profitait pas, l’argent qu’il gagnait en tant que mannequin servait à la location de son studio, à le nourrir et à l’habiller, toute économie si petite fut elle était toujours la bienvenue. Il se pencha un peu. « Ah oui ? Tu sembles avoir des sources. J’aime ton petit café. Tu y travailles tous les jours ? » Il le laissait sous-entendre qu’il était riche en effet. Pourquoi ? Par amusement. Parce que ça ne changeait rien que le plus jeune sache le niveau mensuel de son revenu. Il se pencha un peu pour accepter et apprécier la caresse de ses bras autour de son cou dans petit souffle d’aise.

« Pourquoi moi Il Sung ? Je veux dire… Il y a pleins de mecs et de nanas mignons ici, moi je suis juste quelconque, tu aurais pu choisir une proie plus ‘’appétissante’’ pour toi si je peux dire ça comme ça. » Il releva enfin le regard de ses lèvres alors et regarda le jeune homme. Il ne sembla ni surpris, ni énervé, ni refroidi. Il ne fit que sourire un peu plus, se penchant un peu et glissa ses lèvres à son oreille, la mordillant brièvement, appréciant la caresse de ses cheveux sur sa joue ainsi que l’étincelle qu’elle envoya à travers son corps, le forçant à sourire encore plus. « J’ai une autre question. Pourquoi pas toi ? Qu’est-ce qui rend les autres tellement plus appétissants que toi ? Et puis de toute façon… » Il laissa ses doigts glisser sur ses hanches pour le rapprocher de lui, glissant sur ses reins désormais, se moquant des possibles regards tout autour d’eux. Il embrassa sa mâchoire juste sous son oreille, ses doigts descendant encore un peu sur ses reins avant qu’il murmure, la voix plus chaude que jamais. « C’est toi que j’ai choisi. » Il sourit un peu plus en glissant un second baiser juste sous son oreille, relevant ensuite son regard pour l’observer. Et pour être honnête, son regard parlait pour lui. Il semblait le regarder comme un prédateur observe sa proie, comme il attend pour se jeter sur elle et pouvoir enfin faire le premier mouvement vers une évolution. Parce que oui, Il sung le trouvait vraiment très attirant. Il souffla et rit un peu, non pas moqueur mais simplement amusé.

Une main, une sensation. Un geste, un frisson. Un regard, une troublante addiction. Il n’a presque rien fait, presque rien dit et pourtant, je sais que je suis déjà accro à lui. Je ne comprends pas comment c’est possible, et je dois dire que ça me fait peur quand même. Je n’aurais pas dû sortir en fait, j’aurais dû rester chez moi, tout seul, devant le film que j’avais prévu de voir. Bon, même si je me serais sans doute moins amusé que là, en cet instant. Pourtant, j’ai un côté de mon esprit qui me dit « casse-toi en courant ! », le problème, c’est que je n’en n’ai absolument aucune envie. Oui parce que danser contre lui comme je suis en train de le faire, c’est de loin la chose la plus agréable que j’ai vécu depuis un moment. On est bien d’accord, mes histoires d’amour se résument à pas grand-chose. Et on est encore plus d’accord sur le fait que jamais Il Sung ne tombera amoureux et que c’est simplement un jeu pour lui. Pour l’instant c’est aussi un jeu pour moi, mais je sais que si ça continue, ça deviendra tôt ou tard, quelque chose de plus qu’un simple jeu de séduction.

Mon dieu, je ne sais même pas dans quoi je m’embraque. Ou plutôt si et je crois que j’ai un côté maso qui ressort parce que je m’en fiche complètement. Je sais que ça risque de mal finir mais je n’en n’ai rien à faire, je veux juste profiter de cet instant et des suivants s’il y en a d’autres un jour. Je laisse mes bras entourer son cou sans vraiment en avoir conscience. Je ne contrôle absolument plus mon corps donc je crois que je ne vais même pas essayer de contrôler mon esprit, ça ne servirait strictement à rien.

« Non… Je pense juste que tu gagnes plus d’argent avec ton boulot de mannequin que moi avec mon boulot de serveur. Oui, même en travaillant au café tous les jours… »

Je crois que le fait que je le rapproche un peu plus de moi lui fait plaisir. Au moins, même s’il ne craque pas, je lui fais un minimum d’effet, ce qui est pas mal pour ma fierté personnelle. Même si je la piétine un peu au passage en me laissant complètement faire. Mais vous savez quoi, j’ai entendu par un certain Freud qu’il fallait céder à ses pulsions pour éviter de finir névrosé, alors je cède à mes pulsions. Je tiens à ma santé mentale. Je finis par lâcher ses lèvres roses du regard pour lui poser la question qui me perturbe. Pourquoi moi ? Et pourquoi est-ce qu’il est en train de me rendre complètement dingue en me mordillant l’oreille gentiment ?! Je frissonne contre lui sans pouvoir me retenir. Bon, au moins, il est au courant qu’il me fait un effet de dingue. Ses paroles ont l’effet d’une douche chaude sur moi et je n’ai qu’une envie, rester là, ne plus bouger. Je laisse mes bras redescendre contre son torse et je m’accroche à son haut pour me rapprocher de lui. J’ai l’impression de ne pas savoir nager et de m’accrocher à une bouée de sauvetage. Je vois à son regard qu’il s’amuse de l’effet qu’il me fait et je ne peux rien contre ça. J’ai conscience que je vais me blesser moi-même, mais je ne regrette rien, du moins, pas pour le moment. J’enfouis mon visage dans son cou et je respire son parfum. J’ai envie de plus mais je ne veux pas qu’il croit qu’il a déjà tout gagné de moi, même si c’est le cas mais que je ne veux pas me l’avouer.

« Les autres sont plus beaux et ont certainement un meilleur niveau de vie que moi. Mais moi aussi… »

Je laisse ma phrase en suspend et je dépose un baiser dans son cou en profitant de la chaleur de sa peau.

« … c’est toi que j’ai choisis, même si je risque de me brûler les ailes… »

Lorsqu’on a de l’argent, ou simplement lorsqu’on est réputé pour en avoir, les préjugés pleuvent, ils cascadent sur nous sans que l’on puisse absolument rien y changer. Votre vie se trouve gérée par ça, les gens vous approchent ou non à cause de ça, les occasions se présentent ou non pour ça. En bref, être riche présente à la fois des avantages et des inconvénients. Pour le jeune Moon, il n’y avait pour l’instant eu que des avantages dans sa vie, sa jeunesse avait été bercée par l’aisance de son père et il n’avait jamais manqué de rien. Aujourd’hui, il s’estimait plutôt faire partie de la classe sociale moyenne mais il semblerait que le bouche à oreille fasse bon train. Oui, Il sung profitait d’un meilleur appartement que la plupart des gens mais la moitié de son salaire partait dans ce dernier et il se retrouvait à devoir compter en fin de mois comme tout le monde. Lorsqu’on est habitué au luxe, il est dur de louer un une pièce miteux après tout… Bef, ce soir comme chaque soir les préjugés frappaient de nouveau et plus violemment que jamais, sa petite proie semblait convaincue que non, elle n’était pas assez bien pour le jeune mannequin et pour tout dire, celui-ci commençait à sentir grimper un sentiment désagréable en lui, quelque chose comme une sorte d’agacement. Il n’aimait pas forcément qu’on le prenne pour un profiteur ni quoi que ce soit. « Non… Je pense juste que tu gagnes plus d’argent avec ton boulot de mannequin que moi avec mon boulot de serveur. Oui, même en travaillant au café tous les jours… » Sur ça, il marquait au moins un point, il se faisait surement plus de fric que son vis-à-vis mais bon, récemment la compétition était dure et il était bon d’affirmer sa place dans le milieu pour Il Sung. Il fut satisfait de le sentir se rapprocher et respirer contre son cou, regardant devant lui, croisant un regard envieux. Il sourit alors en coin et assura son étreinte sur la taille du plus petit. « Les autres sont plus beaux et ont certainement un meilleur niveau de vie que moi. Mais moi aussi… » Il allait riposter violemment simplement parce qu’il le prenait vraiment pour une sorte de snob sans cœur. Sans cœur peut être mais snob jamais ! Et puis un rapide contact contre sa gorge le surpris et il rit chaudement, le poussant contre son torse. « … c’est toi que j’ai choisis, même si je risque de me brûler les ailes… » Il eut un sourire satisfait. Cette fois, ce petit brun avait raison, il lui brulerait surement les ailes. Et il n’aurait pas le moindre regret à l’avoir fait. Ternir un ange était surement ce qu’il préférait faire.

« Tu es vraiment trop peu confiant en toi-même. Et la taille de ton porte-monnaie m’importe peu, qu’est-ce que j’en ferais ? Je ne vis pas sur le dos des autres au cas où ça t’aurait échappé… » Il sourit un peu alors que ses doigts remontaient un peu son haut, glissant sur la peau tendre et douce du bas de son dos, le laissant couler plus en plus dans la déferlante de sentiments séduisants. Il se pencha à nouveau à son oreille et la frôla de ses lèvres. « Quant à to physique, à vrai dire je trouve qu’on va plutôt bien ensemble, faire un photoshoot avec toi serait vraiment intéressant. Cela donnerait une toute autre dimension aux photographies. » Et il y pensait sérieusement. Prendre une série de photos avec le plus jeune ferait contraster leurs deux images, cela rendrait Il Sung d’autant plus sombre, séduisant et charismatique tout en faisant ressortir le côté mignon, doux et pur du plus jeune. Dès demain il le trainait au studio pour sûr, il voulait trouver un job avec ce gamin si différent de tous les autres et honnêtement il avait sa petite idée pour le convaincre. « Tu t’imagines immortalisé avec moi en première page d’un magasine ou peut-être même sur le mur publicitaire de la gare centrale si on a de la chance. » Il avait justement un contrat pour un parfum dont l’ambiance de séduction correspondait assez à ce qu’il voulait tirer et apporter à son interlocuteur !

Bizarrement, on dirait qu’il est à la fois démon et ange. C’est un sentiment difficile à décrire. Je dirais qu’il veut juste s’amuser avec moi, j’en ai conscience et je sais que ça va me retomber dessus à un moment ou à un autre, il veut juste se divertir. Mais d’un autre côté, on dirait que quelque part, mes paroles le blessent ou le vexent. Franchement, ce n’est pas mon but. C’est juste que dans ma tête, un mannequin gagne plus qu’un serveur, c’est simplement ça. Mes paroles ne sont pas là pour faire mal ou quoi que ce soit, elles sont une simple constatation. Bon après, c’est vrai que ce n’est peut-être pas très intelligent de dire ça comme ça m’enfin bon. Je ne pense pas que l’argent soit un sujet sur lequel nous devons nous attarder de toute manière. Il travaille pour se payer de quoi vivre et je fais la même chose de mon côté, fin de l’histoire.

A vrai dire, ce n’est pas vraiment ça qui m’importe le plus, mais plutôt le fait que contrairement à d’autres, je ne suis pas aussi beau, pas aussi sûr de moi. Il y a un tas de choses que j’envie aux gens. J’aimerais avoir confiance en moi avant tout parce que je sais bien que c’est de là que tout part. Après tout, il y a des personnes qui ne sont pas forcément belles et qui, pourtant, ont tout ce qu’elles désirent parce qu’elles ont confiance en elles et que donc elles osent sans se poser de questions. Moi je ne suis pas comme ça. Je me pose toujours des questions, rien qu’à voir la façon dont je pèse mes mots avec les personnes que j’aime parce que je n’ai pas envie de les blesser. En plus de ça, on dirait que je mise tout sur l’apparence. C’est vrai que si je me pensais canon, j’aurais plus confiance en moi. On m’a souvent dit que je portais trop d’attention à l’apparence, c’est peut-être vrai. Remarquez, il n’y a qu’à regarder avec qui je suis en train de danser. C’est tout à fait le type de mecs qui me plait. Il est grand et canon. Bon, je vous avouerais aussi que ça ne fait pas tout et que c’est surtout la façon qu’il a de me tenir contre lui et de parler à mon oreille qui ont raison de moi.

« Tu crois que ça serait une bonne idée ? Je veux dire… Je n’ai jamais fait de séance photos. Mais bon remarque, si ça peut m’aider à avoir un peu plus confiance en moi, pourquoi pas… »

Je suis tellement en train de penser à ses paroles que je remarque juste ses mains sur ma peau. Je frissonne au contact de ses doigts sur mon épiderme. En levant les yeux vers lui et en croisant son regard, je me rends compte d’une chose. Il n’a qu’une envie : me séduire pour mieux me détruire, c’est ce que son regard dit. A l’instant où je remarque ça, je devrais m’écarter de ses bras, le planter là et faire en sorte de ne plus jamais le recroiser de toute ma vie. Mais non, je reste là, m’accrochant fermement à lui de peur qu’il ne s’envole. Je le sais pourtant qu’il n’ira nulle part puisqu’il a trouvé le jouet qu’il cherchait pour jouer, mais j’ai quand même peur qu’il me plante là. Et je n’ai pas peur de ce que les autres pourraient penser de moi s’il me laisse tout seul, j’ai peur de ce que je vais ressentir. Je vais avoir l’impression d’un grand vide. Finalement, je ferais peut-être mieux de m’en aller avant que la dépendance devienne trop forte… Au lieu de ça, je pose mes lèvres roses contre sa joue pour léger bisou. Sa peau est vraiment très douce et j’ai beaucoup de peine à m’en décoller. Pourtant je glisse jusqu’à son oreille.

« Je sais ce que tu es en train de faire Moon Il Sung… Tu vas faire en sorte que je m’attache à toi plus qu’à n’importe qui dans toute ma vie et une fois que j’aurais atteint le point de non-retour tu vas m’abandonner, briser mon cœur en mille morceaux. Mais tu sais quoi… »

Je me détache de sa peau douce pour le regarder de mes grands yeux.

« Je ferais en sorte d’être plus que ceux que tu as brisé avant, je ferais en sorte que tu t’en veuilles quand tu me verra effondré. Parce que je ferais tout pour être plus qu’un simple jouet et au final, je ne serais pas le seul à regretter cette rencontre. »

Il Sung était habitué aux histoires sans lendemain. Pour tout dire il ne connaissait que ça. Personne ne retenait son attention assez longtemps que pour qu’il souhaite revoir ses conquêtes. Alors pourquoi cette fois pensait-il même à offrir une place dans le mannequinat à Nam Kyu ? Il ne savait pas ce que ce petit ange lui faisait mais il était certain que ça n’avait rien de commun avec n’importe qui d’autre. Même s’il était un peu trop tendu, un peu trop méfiant et un peu trop venimeux dans ses mots, il ne manquait pas d’intérêt aux yeux du plus âgé des deux. Il Sung sentait sa peau se hérisser de frissons agréables à chaque contact du plus jeune, comme des décharges d’énergie. « Tu crois que ça serait une bonne idée ? Je veux dire… Je n’ai jamais fait de séance photos. Mais bon remarque, si ça peut m’aider à avoir un peu plus confiance en moi, pourquoi pas… » Il ne faisait pas vraiment ça pour l’aider à prendre confiance. A dire vrai, Il Sung trouvait que le manque de confiance en soi était une des plus grandes faiblesses du monde et il détestait ça, il n’éprouvait ni pitié ni compassion pour tous ceux sur terre qui semblaient souffrir de ce symptôme envahissant, cette maladie qui avait surpris sa mère après que son père l’ait laissée seule. Il détestait même ça. Toute forme de faiblesse était bonne à écraser de toute façon. Il se redressa un peu. « Un photoshoot n’est pas fait pour prendre confiance en soi. Il est fait pour exposer ce qui fait ta fierté. Si tu n’en as pas, mieux vaut peut-être oublier cette idée ? » Froid ? Oui. Méchant ? Absolument. Nam Kyu plaisait à Il Sung mais si le jeune homme décidait de s’apitoyer sur lui-même, il refusait de jouer les baby sitter, c’était pas du tout dans ses compétences.

Sentant sa bouche contre sa joue, le plus âgé sourit simplement, affirmant sa prise autour de lui pour l’aider à l’atteindre, frissonnant à son souffle contre son oreille. « Je sais ce que tu es en train de faire Moon Il Sung… Tu vas faire en sorte que je m’attache à toi plus qu’à n’importe qui dans toute ma vie et une fois que j’aurais atteint le point de non-retour tu vas m’abandonner, briser mon cœur en mille morceaux. Mais tu sais quoi… » Un frisson hérissa sa colonne. Ca devenait intéressant, excitant, il sourit en coin en soutenant son regard de ses yeux de prédateur, toujours à l’affut de plus. « Je ferais en sorte d’être plus que ceux que tu as brisé avant, je ferais en sorte que tu t’en veuilles quand tu me verra effondré. Parce que je ferais tout pour être plus qu’un simple jouet et au final, je ne serais pas le seul à regretter cette rencontre. » Il rit légèrement de son agréable rire chaud et presque rassurant. Il sourit ensuite en coin et se défit de l’emprise du plus jeune pour le faire pivoter se collant à son dos pour se remettre à bouger sur la musique aux basses amplifiées. Il mordit sa nuque gentiment à plusieurs reprises, se délectant du gout de sa peau. Il sourit ensuite contre sa peau, ses bras cerclant ses hanches fermant alors que ses doigts glissaient sous son haut doucement pour taquiner sa peau du bout de ses empreintes, jouant clairement . « Quand on décide de jouer dans mon jeu, on sait déjà comment ça va se passer. Accepter ça c’est savoir que je ne suis pas un homme de sentiments. Si tu as accepté de jouer c’est que tu connais les règles, non ? » Il haussa un léger sourcil, attrapant ses hanches plus fermement pour le coller à lui, mordillant désormais son oreille, faisant bien attention à ce que son corps épouse avec cette même perfection tout le corps de son vis-à-vis. Il aimait le sentir à la fois déterminé et perdu. Parce que quoi qu’il affirme, personne ne pouvait savoir si ça allait vraiment se passer. Jamais Il Sung ne s’était épris de quelqu’un et pourtant il avait déjà glissé au fond de sa poche la moitié de la jeune population de Séoul, à n’en pas douter. « Je ne suis pas celui qui va te tomber dans les bras parce que tu pleures ou parce que tu me supplies. Je n’aime pas la faiblesse. Je suis de pierre tout comme mon cœur. Je te souhaite bien du courage, babe. »

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne mâche pas ses mots. Il a quelque chose à dire et bien il le dit sans se poser de questions. Au moins c’est clair et je sais à quoi m’attendre. Je sais déjà que je vais m’en prendre plein la figure, que je vais regretter comme pas possible de me laisser embarquer de cette façon et pourtant, je m’en fiche complètement. Je vous jure qu’il peut me briser le cœur en milliers de morceau, je ne lui en voudrais même pas parce que je me rappellerais que je savais dans quoi je m’embarquais. Bon, je ne vais pas jurer en fait parce que je sais que ça me fera mal et que je lui en voudrais probablement beaucoup, mais je ne pourrais m’en prendre qu’à moi-même. Et puis remarquez, de toute façon, il me veut juste pour sa soirée et son photoshoot, après il va me laisser tomber. Finalement, il vaudrait mieux que ça se passe comme ça, parce que je pourrais l’oublier facilement du coup, sans me poser de questions. Alors que si je m’accroche à lui, je vais souffrir, c’est sûr. Ouais, finalement, je pense que je vais juste m’éclater cette nuit et oublier tout ça demain. Même si ça risque d’être dur parce que je vous avouerais que je me sens plutôt bien dans ses bras là.

« J’ai confiance en moi, sauf pour certaines choses. Ne crois pas que je suis du genre à me laisser marcher dessus. Et si tu penses que je ne suis pas assez bien pour toi, toi aussi tu peux abandonner l’idée et aller t’amuser avec quelqu’un qui te plairas plus et qui se laissera embarquer par tes belles paroles. »

Oui parce que contrairement aux apparences, j’ai bien compris son petits jeu. Je ne fais pas partit des imbéciles qui peuplent les trois quarts de cette piste de danse. Loin de là même. Je sais ce qu’il est en train de faire et je lui en fais même part. Bon, je ne suis pas certain de ce que j’avance, mais bon, j’ai le droit d’y croire un minimum. Après c’est vrai que ce n’est pas peut-être pas ce qui m’attend. Et puis de toute façon, ça ne sera vrai que si je m’accroche et je n’ai pas l’intention de m’accrocher donc bon. Enfin, je ne m’avance pas trop pour l’instant parce que je suis encore capable de changer d’avis. Je pense qu’il faut que j’arrête de me poser des questions et que je prenne ce qui vient, quand ça vient. J’ai d’ailleurs commencé en laissant Il Sung détruire toute mes jolies défenses.

Ses paroles auraient pu me faire mal, mais bizarrement, je les prends plutôt bien parce que tout ce qu’il avance est vrai. Je sais à quoi m’attendre et je sais que je vais y laisser des ailes, mais quand je dis que je veux qu’il ait mal aussi, je ferais en sorte qu’il ait mal. Je ne sais pas si je vais y arriver, mais je vais tenter. De toute façon, je n’aurais rien de plus à perdre alors comme ça. Je profite quelques instants de sentir ses doigts sur la peau de mon ventre et de sa bouche contre ma peau. Je pousse un léger soupire de plaisir et je danse contre lui en posant mes mains sur les siennes. Je finis par me décider à lui répondre.

« Je connais les règles et je les respecterais. Je me doute que tu en as déjà fait pleurer plus d’un. Alors tu sais quoi, si jamais on continue à se voir, si jamais un truc se passe entre nous, le jour où tu partiras, je ferais en sorte que tu te sentes mal. »

Je souris en m’appuyant un peu plus contre lui puis je me dresse sur la pointe des pieds et je pose mes lèvres sur sa joue pour y déposer un bisou.

« J’espère bien être celui qui te feras regretter ton comportement. Mais pour le moment, j’ai envie de m’amuser, alors joue, je te laisse faire. Maintenant qu’on connait les règles tous les deux, on peut jouer à égalité. »

Moi aussi je sais jouer, même si je suis beaucoup moins doué que lui.